L’ikebana, l'art traditionnel des fleurs 生け花
Ikebana, ou l'arrangement minutieux des fleurs
Signifiant “la voix des fleurs” ou " l'art de faire vivre les fleurs", l’ikebana est un art typiquement japonais, dédié à la composition florale. Entre tradition et minimalisme, il est considéré comme un des trois arts du raffinement japonais avec la cérémonie du thé et le kôdô.
Les arts traditionnels japonais
Il est des savoir-faire, des arts, qui ont une aura plus importante que certains. Certains car ils relèvent d’une technique très difficile à acquérir, d’autres parce qu’ils ont réussi à s’exporter hors des frontières de leur pays d’origine, et d’autres encore car ils représentent la quintessence d’un art, ou la tradition.
L’ikebana fait partie de ces derniers. En effet, cet art de la composition florale est considéré comme un des trois arts du raffinement japonais avec le kôdô, qui est l’art d’apprécier les parfums, et chanoyu, la cérémonie du thé, que l’on ne présente plus.
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Ikebana : l'art de présenter la nature
Si l’ikebana est un art floral, il ne consiste pas, comme en Occident, à mettre l’accent sur la beauté des fleurs et l’harmonie des couleurs. Ici, l’intégralité de la conception revêt une importance particulière. L’ikebana valorise tout autant la fleur, la forme de la plante, mais aussi ses feuilles, ses tiges et même le pot dans lequel elle repose. La structure de l’arrangement floral s’axe donc sur trois symboles : le ciel, la terre et l’humanité. Un peu à la faveur des jardins japonais qui sont censés représenter la nature au sens large.
C’est durant l'époque Heian (794-1185) que l’art floral est né. Les moines ont été les premiers à travailler sur les compositions florales pour honorer Bouddha. Inspiré par la présence de fleurs dans les intérieurs, le rikka (c’est comme cela que l’on appelle à l’époque le travail des moines sur les fleurs) commence à se démocratiser, mais auprès seulement de l’aristocratie dans un premier temps.
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On les reconnaît notamment grâce aux sept branches qui forment la composition, symbolisant différents éléments d’une scène naturelle : le sommet, le mont, la cascade, une vallée, la face éclairée de la scène et la face ombragée de la scène, un village au bord de l’eau. Ce n’est qu’aux XVème et XVIème siècles que l’ikebana prend sa dénomination actuelle et que cet art commence à être enseigné dans des écoles.
Les différentes écoles d'ikebana
C’est grâce au shogun Ashikaga Yoshimasa que l’on doit l’arrivée des fleurs dans les habitations. En effet, il fit bâtir des logements dans lesquels se trouvaient un tokonoma, sorte d’alcôve sacrée, où chacun pouvait y placer des objets d’art ou des compositions florales. Les règles strictes de l’ikebana furent donc simplifiées afin que le maximum de Japonais puissent se lancer dans cet art.
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Si l’ikebana est l’art de la composition florale en terme général, il existe tout un tas de subdivisions, “d’écoles” de création, dont les règles sont différentes. Par exemple, il existe un style d’arrangement floral moins laborieux appelé nageire, qui est intégré dans la cérémonie du thé. L’idée ? Arranger les fleurs dans un vase, avec le plus de naturel possible. Toujours en respectant le cycle des saisons. Durant l’ère Meiji, le style moribana se développa. Il introduit les fleurs occidentales dans les compositions florales. Il est notamment utilisé dans les jardins.
L’ikebana est donc un art en perpétuelle évolution. Aujourd’hui, on compte un peu plus de 3 000 écoles dans tous les pays. 3 000 écoles où, plus de 1 000 ans après son invention, les Japonais perpétuent cet art de faire parler les fleurs.
Où apprendre l'ikebana ?
En France, il est possible d'approcher l'art de l'ikebana, notamment en Bourgogne (voir notre article "Voyager au Japon en Bourgogne") ou encore à Paris, à la Maison de la Culture du Japon. Ce lieu de référence organise régulièrement des expositions d'ikebana, des démonstrations, ainsi que des ateliers découverte et cours de tous niveau. Nous vous conseillons de consulter leur agenda pour vous renseigner sur leurs différents événements en lien avec l'art de l'ikebana.
Sur place au Japon, il est aussi possible de participer à des ateliers d'initiation en anglais, notamment avec les écoles Ohara Kaikan et Sogetsu Kaikan, toutes deux à Tokyo.